La situation sécuritaire et humanitaire dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) continue de se dégrader à un rythme alarmant, notamment dans les zones sous contrôle du groupe armé AFC/M23. Alors que la communauté internationale tire la sonnette d’alarme, il est crucial de comprendre les mécanismes économiques parallèles mis en place par ce mouvement pour financer ses activités : l’instauration de taxes et prélèvements illégaux.
Une taxation illégale et arbitraire
Depuis leur prise de contrôle de plusieurs localités du Nord-Kivu, notamment autour de Goma, l’AFC/M23 a mis en place un système de prélèvements sur les activités commerciales, agricoles et minières. Ces pratiques, condamnées par les Nations Unies et les bailleurs internationaux, violent non seulement les principes fondamentaux du droit international humanitaire, mais aggravent aussi la souffrance des populations locales.
Voici quelques-unes des principales taxes imposées :
🔹 Droits de passage pour les transporteurs :
- Les camions de gros tonnage doivent s’acquitter de 100 à 150 dollars US à chaque barrière illégale.
- Les petits véhicules de transport paient entre 30 et 50 dollars US.
🔹 “Droits de douane” aux postes improvisés :
- À l’importation, une taxe représentant jusqu’à 10 % de la valeur estimée des marchandises est exigée des commerçants.
🔹 Taxe agricole :
- Les agriculteurs doivent céder entre 10 % et 20 % de leur production annuelle en nature ou en argent.
🔹 Taxe sur les marchés locaux :
- Chaque commerçant est contraint de payer une redevance journalière variant entre 1 et 5 dollars US, en fonction de la taille de leur étal.
🔹 Taxe minière artisanale :
- Les exploitants des mines artisanales dans les zones occupées doivent verser des sommes comprises entre 50 et 200 dollars US par mois.
Conséquences humanitaires dramatiques
Ces impositions illégales empêchent la libre circulation des biens et des personnes et entravent gravement les opérations humanitaires. Les acteurs humanitaires dénoncent des restrictions croissantes, rendant difficile l’accès aux populations vulnérables, déjà accablées par les déplacements forcés, la famine et l’insécurité permanente.
Ces pratiques contreviennent à tous les principes humanitaires : neutralité, indépendance, impartialité, et surtout l’accès sans entrave à l’aide vitale. En imposant des « taxes » à des convois humanitaires ou commerciaux, l’AFC/M23 aggrave la crise humanitaire et étouffe toute tentative de redressement économique local.
La communauté internationale réagit
Dans une déclaration publiée ce 2 juin 2025, les pays donateurs ont fermement condamné ces pratiques, appelant au respect de la Résolution 2773 du Conseil de sécurité des Nations Unies qui exige :
- Le retrait immédiat des forces étrangères non invitées, notamment les Forces de Défense Rwandaises (RDF).
- La cessation immédiate des entraves à l’action humanitaire.
- Le respect des droits fondamentaux des populations civiles.
La déclaration insiste également sur la nécessité d’ouvrir un dialogue inclusif pour parvenir à une solution politique durable et à la fin de la souffrance des civils.
Conclusion
Les taxes imposées par l’AFC/M23 à Goma et dans ses environs ne sont rien d’autre qu’un système d’extorsion organisé. En s’attaquant aux plus vulnérables et en compromettant l’accès humanitaire, ces pratiques alimentent un cercle vicieux de pauvreté, de violence et d’instabilité. La mobilisation de la communauté nationale et internationale est plus que jamais nécessaire pour soutenir les populations et restaurer l’autorité légitime de l’État.